dimanche 25 octobre 2020

Ceux qui restent (los que se quedan) : Llucia Ramis

Après de nombreux déménagements, il faut une bonne raison aux livres pour rester dans ma bibliothèque. Parfois c'est une (re)lecture à venir. Parfois c'est une trace de ma lecture.

Después de numerosas mudanzas, los libros necesitan un motivo válido para quedarse en mi biblioteca. A veces se trata de una (re)lectura fútura. A veces es una huella de mi lectura.

Librairie L'imaginaire. Place du Jeu de balles. Bruxelles.

Mi madre no tiene ningún sentimiento de pertenencia. Nació en Bélgica y vivió en Asturias, Madrid y París antes de instalarse en Mallorca al casarse. Si le preguntaras dónde están sus raíces, seguramente no sabría qué contestar. Eso no la vuelve una desarraigada. Aunque, bueno, la palabra desarraigada me hace pensar en descarriada, que no es lo mismo. O tal vez sí.

(...) Supongo que no puedo reclamar nada, porque ni siquiera vivo en Mallorca. Pero no tener adónde volver, un espacio que conoces y en el que te reconoces, no sé, para mí es angustiante. No me siento de ninguna parte. A fin de cuentas, todo es memoria, ¿no? Encima me siento egoísta por dar por hecho que tenía algo que, como dices tú, nunca fue mío. -Cariño- contesta mi madre-, no tener adónde volver:crecer consiste en eso.

Llucia Ramis. Las posesiones.  

Ma mère n'a aucun sentiment d'appartenance. Elle est née en Belgique et a vécu dans les Asturies, à Madrid et à Paris avant de s'installer à Majorque en se mariant. Si on lui demande où sont ses racines, elle ne sait certainement pas quoi répondre. Cela ne fait pas d'elle une déracinée. Bien que, cela dit, le mot déracinée me fait penser à égarée, ce qui n'est pas la même chose. Ou peut-être que si. 

(...) Je suppose que je ne peux rien réclamer parce que je ne vis même pas à Majorque. Mais ne pas avoir où revenir, un espace que tu connais et dans lequel tu te reconnais, je ne sais pas, pour moi c'est angoissant. Je ne me sens de nulle part. En fin de compte, tout est souvenir, non ? En plus, je me sens égoïste d'avoir tenu pour acquis quelque chose qui, comme tu le dis, n'a jamais été à moi. -Chérie, répondit ma mère, n'avoir nulle part où revenir, c'est ça grandir. 

Llucia Ramis. Las posesiones. Traduction libre.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire